Aphra Behn, une autre voyageuse dans la Guyane du XVIIe siècle |
Elizabeth avait vingt ans quand elle est partie de Hollande, en 1676, pour s'installer avec sa famille dans une nouvelle colonie encore à fonder sous le nom d'Orange, à l'embouchure de l'Oyapock. Son père meurt en voyage, puis sa soeur à l'arrivée sur l'Amazone. C'est la saison des pluies, et, même si la nature est enchanteresse ( "la nuit, toute la forêt semblait remplie d'étoiles et nous étions profondément émerveillés quand nous reconnûmes que ce n'était que des lucioles...") le climat est pénible. Elizabeth tombe à son tour malade. Comme le gouverneur lui refuse l'autorisation de rentrer en Hollande, elle prend la poudre d'escampette et s'embarque sur un bateau en partance. Lequel tombe dans un calme plat qui le porte sur les brisants de Guadeloupe, auxquels il n'échappe que pour rencontrer un ouragan - "les poissons en étaient comme ivres dans la mer". Tandis que les voyageurs remontent vers Terre-Neuve, secoués par les tempêtes, le bateau perd une ancre, puis le mât d'artimon, le gouvernail, "un grand nombre d'agrès". Le 2 juin 1677, enfin, Elizabeth tombe aux mains du corsaire Jean Bart. Quelle rencontre encore que celle-là ! D'un côté la rigueur et la raideur d'une jeune protestante dont on imagine si bien le col et la coiffe empesés, de l'autre la galanterie d'un marin de fortune, qui sera bien obligé de s'incliner devant la force d'âme de sa captive. "Je repoussai au loin un livre de patrenôtres et à plusieurs reprises j'éteignis des chandelles de suif" - autrement dit, Elizabeth résiste aux tentations que les "papistes" (les catholiques) mettent partout autour d'elle. Finalement, la voyageuse retrouve sa patrie seule et ruinée. Le flegme et la candeur de son récit font regretter qu'elle ne soit pas repartie !
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